Dénombrements divers

Avant d'entrer dans le détail des dénombrements , nous vous conseillons de consulter de mode d'emploi ci-dessous  

Numéro

Date

Dénomination, sources (*)

Nombre de fiches

1

1551

Rôle des cotisants taxés pour la muraille de La Trosse (A.D.S., SA 17) : recense les gens d’Eglise, les nobles et les roturiers, ignore les pauvres. Outre les habitants, sont aussi recensés, au niveau de la combe chambérienne, les ecclésiastiques (EGL), certains nobles (N) et les futainiers (FU).

968

2

1610

Capitation pour un emprunt du duc de Savoie : recense les gens d’Eglise, les nobles, ignore les pauvres.

775

3

1651

1729

Entrées en bourgeoisie (relevés dans les registres des délibérations et dans les comptes des Syndics) – L’origine des nouveaux bourgeois est rarement indiquée. Un certain nombre d’entre eux sont nés à Chambéry.

369

4

1652

Rôle des cotisants contre les inondations (A.D.S., 2B 11340) : recense les gens d’église, les nobles, ignore les pauvres.

1349

5

1660

Visite des dizaines (A.C.Chy). Visite de chaque feu par les dizainiers en vue d’établir les rôles pour les charges communes. Pauvres partiellement recensés.

1532

6

1679

Rôle de la taille des bourgeois de Chambéry. Liste de tous les bourgeois chambériens possédant des biens fonciers en dehors de Chambéry. Liste établie par paroisse/commune

1746

7

1690

Logements de soldats (A.C.Chy, EE 655). Visite de tous les feux chambériens susceptibles de loger quelque 3500 soldats français. Les nobles, les officiers du Sénat, les membres du conseil de ville en sont exemptés. Recensement lacunaire des gens d’Eglise.

1443

8

1709

Visite des grains (A.D.S., 2B 6417). Effectuée sur ordre du Sénat, alors que la ville est menacée de famine lors du grand hiver de 1709. Visite obligatoire de tous les feux chambériens.

1391

9

1713

Rôle de la capitation de la ville de Chambéry (A.C.Chy, CC 439 ou A.D.S. CC 373). Don exceptionnel pour saluer le retour de la Savoie et de Chambéry dans les Etats de Piémont-Sardaigne, après la guerre de la succession d’Espagne. Ne concerne que les roturiers.

1703

10

1714

Rôle de la noblesse et des gens d’église qui cotisent à part au don exceptionnel versé l’année précédente par les roturiers.

153

11

1713

Rôle de la taille des bourgeois de Chambéry : liste de tous les bourgeois chambériens possédant des biens fonciers en dehors de Chambéry. Liste établie par paroisse/ commune.

2096

12

1714

Livre des pauvres qui demandent à être assistés (A.H.Chy, II.F.2). Liste des pauvres dressés à l’occasion de l’ouverture de l’hôpital général de Chambéry en février 1714.

1457

13

1730

Remboursement de l’emprunt de 1709 sur les revenus de l’archevêché de Tarentaise (A.C.Chy, CC 439). Excellente source recensant toute la population de Chambéry, dont les pauvres en très grande partie.

2122

14

1735

Rôle de la noblesse et des gens d’Eglise pour la contribution à la guerre de Pologne (A.C. Chy, CC 439)

152

15

1735

Rôle de la ville de Chambéry pour la contribution à la guerre de Pologne (A.C.Chy, CC 439). Roturiers uniquement. Recensement exhaustif des pauvres.

1938

16

1748

Capitation espagnole (A.C.Chy, EE 659). Tribut de guerre levée par les Espagnols qui occupent le duché de 1742 à 1749. Personne n’y échappe.

1808

17

1764

Répartition des frais de curage des canaux (A.C. Chy, DD 589). Contribution levée sur les locataires et les propriétaires des maisons et terrains de Chambéry. Les pauvres n’y figurent pas.

2239

18

1787

Gabelle du sel (A.C.Chy, HH 1065). Impôt général sur la consommation de sel.

2583

 

Dénombrements anciens : mode d’emploi

Les archives départementales de la Savoie conservent des documents précieux pour les généalogistes. Au premier rang desquels les registres paroissiaux et les registres d’état-civil de la série E qui permettent de reconstituer au cours des décennies la vie des familles à travers les baptêmes, mariages et sépultures de leurs membres.

Beaucoup moins connus des généalogistes, certains documents fiscaux, dénommés dénombrements dans le jargon des historiens, offrent également de grandes ressources. A la différence des registres paroissiaux, qui déroulent des histoires familiales sur plusieurs décennies, les dénombrements sont la photographie, presque toujours partielle et à un moment donné, de la population d’un village ou d’une ville. En effet, la fiscalité d’ancien régime n’est pas également répartie sur tous et la qualité des contribuables varie selon le type d’impôt levé.

1. Bref aperçu de la fiscalité chambérienne :

La population de Chambéry est divisée en plusieurs catégories de contribuables.

Les nobles ne s’acquittent pas de la taille (la payer est une preuve de roture) Ils sont astreints aux capitations, mais leur contribution fait en général l’objet d’un rôle particulier. Seul le recensement de leurs domestiques (donnant lieu à une taxe spécifique comme pour les roturiers) figure en fin de la capitation roturière. Les magistrats du Sénat de Savoie et de la Cour des Comptes, ainsi que les officiers subalternes roturiers de ces chambres cotisent sur des rôles particuliers, puisque leur contribution est soustraite directement de leurs émoluments. Les nobles contribuent normalement aux charges municipales ordinaires et extraordinaires et à la gabelle.

Les roturiers sont divisés en deux classes : les manants et les bourgeois. Les manants demeurent en ville mais ne jouissent pas du droit de bourgeoisie comme les seconds. Les manants et les bourgeois cotisent sur le même pied aux capitations. Les premiers paient l’intégralité de la taille, tandis que les seconds jouissent de larges exemptions. Elles sont totales pour les biens que les bourgeois possèdent sur le territoire de Chambéry et réduites des trois quarts pour les propriétés dans le reste du duché. La taille des bourgeois est dressée chaque fin d’année.

Les roturiers exemptés de la taille et des capitations sont essentiellement les pères de famille d’au moins douze enfants vivants (ou morts sous l’uniforme des Savoie) et à charge et les pauvres. Un certificat d’indigence leur est délivré par les dizainiers, avant d’être contresigné par le curé et le Premier syndic.

Les communautés religieuses cotisent aux capitations (leur rôle est commun avec la noblesse) et contribuent aux charges municipales mais elles ne paient pas la taille. Les membres roturiers du clergé séculier ne cotisent pas aux capitations mais s’acquittent pour leurs biens personnels, de la taille, en bénéficiant le cas échéant des exemptions fiscales.

Le personnel administratif du Château (gouverneur, intendant, secrétaires, domestiques, etc..) n’est pas imposé, ainsi que la garnison du château (une trentaine ? d’hommes) qui y est cantonnée en permanence, ainsi que les hommes des troupes stationnées à Chambéry et leurs familles (de plusieurs centaines à plusieurs milliers de soldats selon les saisons et les années).

 

Il faut également parler des " insaisissables " :

  • Les " pauvres errants " qui ne font que passer à Chambéry, ou n’y restent que quelques jours ou quelques mois. L’administration communale ne considère comme pauvres chambériens que ceux qui y résident au moins depuis trois ou quatre ans.
  • Le clergé régulier : Chambéry compte une quinzaine de maisons religieuses mais les dénombrements ne donnent jamais l’identité des sœurs et des moines.
  • Les domestiques : près de 10 % de la population. Anonymes puisque puisqu’ils sont rattachés au foyer fiscal de leur maître.
  • Les femmes qui apparaissent tantôt sous leur nom de jeune fille, tantôt sous leur nom d’épouse ou de veuve.

 

2. Concordance entre dénombrements et registres paroissiaux :

Matériellement, les dénombrements se présentent sous forme de liste de chefs de feu, donnant plus ou moins de détails sur leur identité et la composition de leur famille. Chambéry est administrativement divisée en huit quartiers, appelés dizaines, et dans chacune d’entre elles, deux dizainiers sont chargés de dresser la liste des contribuables et de fixer les cotisations pour chacun d’entre eux. La localisation des feux par dizaine permet de savoir dans quelle paroisse résident les individus :

 

Dizaine

Paroisse correspondante

Remarques

  • Grande Rue
  • Saint-Léger

    Ville close

  • Rue Tupin
  • Saint-Léger

    Ville close

  • Rue Juiverie (Joyerie)
  • Saint-Léger

    Ville close

  • Rue Saint-Antoine
  • Saint-Léger

    Ville close

  • Rue Croix d’Or
  • Saint-Léger

    Ville close

  • Faubourg Montmélian
  • Saint-Léger

    Comporte des "franchises " : les Charmettes, Buisson-Rond 

  • Faubourg Maché
  • Saint-Pierre-de-Maché

    Comporte des "franchises " : Montjay, La Reveriaz, le Biollay

  • Faubourg Nézin-Reclus
  • Saint-Pierre-de-Lémenc

    Territoire sur la rive droite de La Leysse.

     

    Pour les dénombrements des 16° et 17° siècles, les limites et les noms des dizaines ne sont pas exactement celles décrites ci-dessus. Par souci de simplification, nous les avons remplacés directement par les noms des paroisses.

     

    3. Pour bien lire les bases de données :

    • nous n’avons gardé que l’essentiel des informations concernant les feux, sachant qu’il vous est toujours possible d’en savoir plus sur les originaux.
    • Nous avons eu recours à des mots clés

    MOTS CLES

    Concernant les avant noms ou titres :

    Seules de laborieuses vérifications de cohérence de date dans la biographie des individus, permet de les individualiser ou de regrouper les données qui les concernent. Dans ce maquis patronymique roturier , les avant-noms permettent parfois de trancher. Sur les documents chambériens, on trouve :

    - SP : spectable : en principe ont droit à ce titre les docteurs en droit ou en médecine. C’est un titre très strict qui identifie facilement l’avocat ou le médecin qui le porte.

    - ME : Maître) : est porté en principe par deux catégories. En premier lieu, par les hommes de loi de second rang, comme les procureurs, les notaires, les praticiens et les greffiers et autres fonctionnaires subalternes de la Cour des Comptes et du Sénat. En second lieu, par des artisans qualifiés et établis, les compagnons ne portant pas cet avant-nom.

    - HB : Honorable : il s’agit là d’un gros marchand, d’un bon artisan, de quelqu’un qui a de quoi dans l’existence. Un certain nombre d’honorables peuvent aussi porter l’avant-nom de maître. A noter que les femmes peuvent en être qualifiées.

    - SR : Sieur : l’avant-nom roturier le plus conséquent, qui traduit l’appartenance de celui qui le porte à la bourgeoisie la plus élevée. Des spectables et des honorables peuvent être des sieurs

    - DT : Discret(e) : plus rare, désigne un jeune homme ou une jeune fille de bonne famille.

    - HT : Honnête: désigne un homme ou une femme, membre des classes populaires peu fortuné mais honorablement connu. Peut signer un enracinement familial ancien.

    - MR : Monsieur apparaît vers 1730. Il a tendance à se substituer à honorable pour les hommes, tandis que le demoiselle se démocratise également quelque peu.

    Les membres masculins des familles aristocratiques portent toujours l’avant-nom de noble : N, tandis que les membres féminins se partagent entre Dame : DME (âge canonique souvent et première noblesse) et Demoiselle : DLE (pour les plus jeunes femmes ou d’extraction moins élevée). Toutefois, l’avant-nom de Demoiselle peut-être portée par des femmes de la bourgeoisie la plus huppée (en particulier les filles d’avocats fortunés) ou par des roturières ayant épousé un noble..

    Les ecclésiastiques séculiers portent l’avant-nom de Révérend Messire : Rvd.

    L’absence d’avant nom signe l’appartenance aux classes populaires, sans omettre de citer le méfiant le nommé : LNM , attribué à ceux dont ne sait rien ou pas grand chose.

    Vous trouverez également des mots clés rajoutés dans les colonnes avant nom ou titre :

    PAU : pauvre

    CH : communauté hospitalière

    CR : communauté religieuse

    F  : feu(e)

    FV : femme veuve dans la rubrique "sexe"

    Concernant les dizaines :

    GR : Grande Rue

    TU : Rue Tupin

    JUI : Rue Juiverie

    OR : Croix d’Or

    SA : Saint-Antoine

    MA : Faubourg Maché

    MAF : Franchises du Faubourg Maché

    MON : Faubourg Montmélian

    MOF : Franchises du Faubourg Montmélian

    REN : Faubourgs Reclus/Nézin

    Concernant les paroisses :

    LEG : Saint-Léger

    MA : Saint-Pierre-de-Maché

    LEM : Saint-Pierre-de-Lémenc

     

    4. Les patronymes et prénoms chambériens 

    N’oubliez pas que les patronymes connaissent de sensibles évolutions ou peuvent apparaître sous diverses formes ! Quelques conseils :

    A l’époque moderne, la particularité des patronymes savoyards est d’être, dans près d’un cas sur trois, composé d’un double nom.

    Prenons l’exemple de Claude FAVRE COLLIET qui vit à Chambéry de 1662 à 1713. La pratique des registres et des dénombrements chambériens met vite en évidence le fait que Claude FAVRE COLLIET apparaît tantôt sous son double nom, tantôt sous le nom de Claude FAVRE, ou bien sous celui de Claude COLLIET.

    Simultanément, vivent aussi Claude FAVRE THOREN et Claude FAVRE REGLAZ qui côtoient plusieurs Claude FAVRE (sans deuxième nom).

    Il arrive que cette prolifération d’homonymes rende les identifications et les reconstitutions des familles hasardeuses, voire impossibles si l’épouse et mère des enfants porte elle aussi un double nom. Ces dangers de confusions entre individus se doublent des risques d’erreur de générations, le port d’un même prénom dans les lignages étant la règle, soit de père en fils, mais aussi d’oncle à neveu, le tout explicable par les parrainages et marrainages.

     

    Sans disparaître totalement, les redoutables écueils du double nom s’atténuent au milieu du XVIIIe siècle, les curés et l’administration optant en général pour le deuxième nom (Claude FAVRE COLLIET devenant définitivement Claude COLLIET).

    En dehors de l’évolution du double nom, le patronyme d’une famille peut connaître des changements notables. Parmi les cas les plus fréquemment relevés, citons :

    • la suppression ou l’ajout de DE ou DES.

    VERSONNEX , DEVERSONNEX, DEVERSONNEX ;

    GRANGE, DE(S)GRANGE(S)

    DELABBAYE, LABBAYE .

    LEPIGNY, DELEPIGNY

    - la place et le redoublement des i et des l :

    GILLIOT , GILLOT, GILOT

    VUILLIERME, VULLIERME, VUILLERME ;

    ALLIOD, AILLOD ;

    - la terminaison en OZ et en AZ qui l’emportent au début du XVIIIe siècle, par une " savoyardisation " des patronymes français :

    FALQUE , FALCOZ

    GAYDE, GAYDIOZ

    CADET, CADOZ

    GUSTE, GUSTAZ

    GRAINE, GRAINAZ

    LUQUE, LUCAZ

    CATAGNOLE, CATAGNOLAZ

    - une hésitation prolongée tout au long du XVIIIe siècle entre O et OU

    BOVARD, BOUVARD

    ROLET, ROULET .

    - même hésitation entre G, GU, Q et QU :

    GAY, GUAY, QAY et QUAY

    GUILLET, QUILLET.

    - un même patronyme peut se présenter simultanément sous des formes plus ou moins archaïques. L’exemple type, tout à fait irritant, est :

    BOVIER, BOUVIER, BOVERY, BOUVERY, BOUVRY...

     

    Bonnes recherches à tous !

     

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